Le sharenting : une pratique risquée pour ses enfants
Partager des photos de famille, de nos vacances, de nos enfants à nos proches est courant. C’est une façon de partager des souvenirs, des moments clés dans le développement de nos enfants et ainsi faire du lien.
Et si un ami affichait à la vue de tous, famille et inconnus, et sans vous en avertir au préalable, une photo de vous en soirée ou en vacances à chiller, comment le prendriez-vous ?
Certainement pas très bien et nous pouvons le comprendre. C’est pourtant ce qui se passe sur les réseaux sociaux chaque jour…
Des parents partagent de manière quotidienne leurs activités, leurs voyages, leurs routines, leurs intérieurs, et même des photos de leurs enfants. Ces parents communiquent des informations détaillées et abondantes sur leurs vies de famille.
Le sharenting
Ce partage de photos de ses enfants est devenu tellement courant, qu’il porte un nom :
le sharenting : contraction de share : partager et parenting : parentalité.
Pourtant cette surexposition des enfants sur les réseaux n’est pas sans conséquence. Ces informations numériques peuvent mettre en danger vos enfants. Que savez-vous de ce que vont en faire ceux qui les regardent ? Et d’ailleurs connaissez-vous toutes les personnes qui regardent vos stories ou publications ? Peut-on considérer tous ses abonnés et non abonnés comme des amis ? Les connaissez-vous vraiment ? Sont-ils proches de vous ?
On peut vite perdre le contrôle de l’usage des photos qui sont publiées. Elles ne nous appartiennent plus vraiment. Certaines personnes pourraient les utiliser pour d’autres usages malveillants telle que la pédopornographie ou faire l’objet de harcèlement scolaire. Il est très probable que vous n’y avez pas songé en les postant, pourtant c’est une réalité tangible.
Mes conseils
Je recommande donc de ne pas diffuser de photos de vos enfants dénudés, et de flouter leur visage. Car une photo qui nous semble banale peut être perçu bien différemment par d’autres, avec un caractère plus sexuel (enfant en maillot de bain, en pyjama, ou autre).
Je vous conseille de réfléchir avant de poster une photo. Quelle en est l’utilité ? Pour qui ? Est-ce que mon enfant serait d’accord de revoir cette photo dans quelques années, à la vue de tous ? Est-ce que les voisins, camarades et familles alentours ont besoin de tout connaitre de votre vie personnelle et familiale ? N’est-ce pas important de choisir à qui l’on partage sa vie privée ?
En effet, la vie privée de l’enfant, lui appartient et en tant que parents, nous en sommes les garants. C’est comme voler une part de leur liberté, de leur insouciance et vulnérabilité.
Pour les adolescents, il est important de contrôler ce qu’ils diffusent car certains ont un compte sans en avoir l’âge requis et poste beaucoup de contenus sans en contrôler les conséquences relationnelles et physiques. Il est important d’échanger avec eux sur ce sujet afin de leur apprendre à préserver leur intimité et de se protéger contre des personnes malveillantes.
En tant que parents, nous sommes fiers de nos enfants et de leur évolution au quotidien. Et nous voulons le partager. Mais sur les réseaux sont-ils le meilleur endroit pour le faire ?
Revenir à l’ici et maintenant, au vrai relationnel
Ne passons-nous pas à côté de vrais moments de partage, trop happés par nos téléphones ?
Ne peut-on pas vivre pleinement un moment familial sans être prêt à dégainer son téléphone pour filmer la scène ? Quel est notre rapport au numérique aujourd’hui ? Notre utilisation est-elle raisonnable ? Sommes-nous capables de couper les réseaux quelques temps sans être en manque ? Quand nous ouvrons nos réseaux sociaux, il est important de se poser ces questions : que vais-je y chercher ? Pourquoi ai-je ce besoin de montrer à tous ce qui se passe dans mon cocon familial ?
Quelles sont nos attentes, objectifs quant à notre page personnelle ?
Ne serait-il pas intéressant de cadrer son utilisation ?
Prenez donc le temps de vous questionner sur l’usage du numérique.
Faites le tri dans vos abonnés régulièrement.
Prenez soin de sécuriser votre compte.
Les risques sont réels, alors prenez soin de ceux que vous aimez le plus au monde. La vie sur les réseaux n’est pas la vraie vie, elle n’est qu’un arrêt sur image. La vraie vie se joue dans votre quotidien, dans les relations de proximité auprès des personnes qui sont là pour vous dans les beaux moments, comme dans coups durs.